Le fort potentiel de l'Inde pour exporter de la viande halal vers les pays islamiques
De nombreux pays islamiques, en particulier dans le Golfe Persique, importent de la viande de l'Inde. Bien que 80% des 1,4 milliard d’habitants de l'Inde soient hindous, les musulmans sont dominants dans le secteur de l'abattage et de la boucherie. Ce n'est que dans les abattoirs desservant les zones sikhs - plus de 20 millions de sikhs vivent en Inde, principalement au Pendjab - que l'abattage illégal est courant. Selon Aswani Kumar Rajput, directeur exécutif de la « Poultry Breeders Association of India », seuls 5 % des animaux et oiseaux sont abattus de cette manière.
Maulana Niaz Ahmad Farooqi, directeur exécutif de « Jamiat Ulama-i-Hind Halal Trust », une importante agence de certification halal basée à New Delhi, a déclaré : « Il existe des abattoirs qui produisent de la viande non halal principalement pour approvisionner les régiments sikhs de l'armée indienne. Les abatteurs sont autorisés à pratiquer la technique du jaatka (décapitation) que sur les moutons, les chèvres et les poulets, les buffles étant trop gros pour être abattus en une seule fois et de plus, les hindous et les sikhs ne mangent pas cette viande. L'État du sud du Kerala ainsi que son voisin à prédominance hindoue, le Tamil Nadu, avec une importante population musulmane et chrétienne, autorise l'abattage des vaches. En plus de fournir du bœuf pour la consommation locale, le secteur de la viande pousse également de nombreux bouchers et ouvriers vers des abattoirs destinés à l'exportation ».
Muhammad Yusuf Qureshi, président de l'État d'Uttar Pradesh et membre de « Jamaat al-Quraish », une association de négociants en viande, a déclaré à Salaam Gateway que tous les abatteurs, en particulier dans l'Uttar Pradesh, sont musulmans et qu'il n’y a aucun doute sur la qualité de la viande halal.
Il a ajouté : « Les propriétaires d'abattoirs fournissent à leurs travailleurs des logements et ils travaillent en deux équipes de huit heures par jour. Les entreprises de l'Uttar Pradesh peuvent louer des abattoirs locaux avec de bonnes règles d'hygiène. Les villes d'Unnao, d'Aligarh et de Ghāziābād sont les principaux centres d'abattage de la viande de buffle. Les problèmes de qualité dans les opérations de commerce et d'exportation, sont examinés par les entreprises acheteuses qui effectuent des visites d'inspection régulières. La vérification de la poussière, des parasites et même des poils de chats fait partie des éléments contrôlés. Si des poils, des mouches ou des moustiques sont trouvés dans la viande, tout est rejeté et détruit. ».
L'Uttar Pradesh est l'État le plus peuplé de l'Inde avec plus de 205 millions d'habitants, dont 20 % de musulmans. En outre, 9 usines de transformation de la viande sur 12, sont agréées par l'Autorité de développement des exportations de transformation agricole et alimentaire du gouvernement central de l'Inde (APEDA) pour l'exportation de viande. Les trois autres se trouvent dans le Mahārāshtra dans l'ouest de l'Inde, et dans le Karnataka, dans le sud de l'Inde.
Selon les statistiques de l'APEDA, il existe environ 3 600 abattoirs dans le pays. Selon une enquête du gouvernement central, la plupart des hindous indiens mangent de la viande et ne se soucient pas de savoir si elle est halal ou non. Par conséquent, le potentiel d'exportation de viande halal est très important.
Selon les statistiques publiées par le ministère du Commerce et de l'Industrie de l'Inde, en 2022, le pays a exporté 3,38 milliards de dollars de viande et d'abats comestibles, soit 4,76 % de plus que l'année précédente.
Les principales destinations d'exportation étaient l'Égypte avec une population majoritairement musulmane (740 millions de dollars), la Malaisie (445 millions de dollars), le Vietnam (488 millions de dollars). Les riches marchés musulmans des Émirats arabes unis et de l'Arabie saoudite s'élevaient respectivement à 164 millions de dollars et 159 millions de dollars, enregistrant une croissance annuelle de 33 et 45 %. Les autres marchés d'exportation étaient Oman (44 millions de dollars), le Qatar (31 millions de dollars) et le Koweït et Bahreïn (25 millions de dollars).
« Jamiat Ulema India Halal Trust », qui selon Farooqui, est approuvée par 13 pays, dont l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, fournit 200 inspecteurs sous contrat, aux abattoirs indiens accrédités, qui s'assurent que les règles d’abattage islamiques sont bien respectées. Généralement deux et parfois quatre inspecteurs sont en service lors de l'abattage.
Rajput, un autre directeur exécutif de « l'Indian Poultry Breeders 'Association », a déclaré que l'Inde avait un énorme avantage en termes de coûts par rapport à d'autres exportateurs de viande de bœuf, comme le Brésil et l'Australie, car une partie importante de la viande indienne provient d'animaux élevés principalement pour le lait.
Il a précisé : « Il en va de même pour les chèvres et les moutons. En raison de la forte demande, ces produits sont exportés avec deux à trois avions cargos qui quittent chaque jour l'aéroport de Delhi pour les pays du Golfe persique où les animaux sont abattus ».
Selon le dernier recensement du bétail effectué par le Département de l'élevage et des produits laitiers du gouvernement central en 2019, il y avait 110 millions de buffles, 74 millions de moutons, 149 millions de chèvres et 852 millions de volailles, en Inde. Le nombre de vaches est également passé à 145 millions, mais comme les hindous les considèrent comme sacrées, leur abattage et leur consommation sont interdits dans la plupart des États indiens, y compris l'Uttar Pradesh.
Grâce à ses compétences, à la sensibilité des producteurs de viande halal et aux volumes élevés, le secteur indien de la viande est en passe de devenir le premier fournisseur de viande du monde musulman, dans les années à venir.
